Umberto Eco, De la littérature

Publié le par frédéric poupon

 

 

Umberto Eco, De la littérature, Grasset.

 

 

 

A l’instar de celle de Borges, la figure d’Umberto Eco semble comparable à celle de ces sophistes du IIème siècle ap. J.-C., orateurs et professeurs de rhétorique qui parcouraient le bassin méditerranéen pour donner des conférences. Lucien de Samosate et sa connaissance de la littérature grecque et des règles qui la régissent, Borges et sa culture universelle qui réjouit dans ses Conférences le lecteur comme son auditoire en traitant du bouddhisme, de la Divine Comédie ou du roman policier ont ceci de commun qu’ils ne furent pas seulement des savants et des érudits, mais aussi des créateurs de premier ordre : des écrivains. C’est avec ce double visage d’écrivain et de théoricien, de romancier et de professeur de sémiotique, qu’Umberto Eco regroupe dans son ouvrage De la littérature paru chez Grasset « une série de textes de circonstances, tous centrés sur le problème de la littérature ». Dans cette longue « déclaration de poétique », le conférencier itinérant déploie - à partir de thèmes parfois imposés - l’ensemble des « lieux » (topoi) et des sujets privilégiés de sa réflexion qui nourrissent sa pensée : l’influence de Borges sur son œuvre, la question du symbole, ou bien celle du style, les différentes fonctions de la littérature ou encore ses caractéristiques d’écriture développées roman après roman, etc. De l’érudit sans gravité au sémioticien rieur, de l’écrivain rigoureux à l’homme de lettres, celui qui confesse ne pas aimer « le mélange des rôles », estime pourtant qu’il y a « des cas où, pour expliquer ce que l’on entend par littérature, il est nécessaire d’avoir aussi recours à ses propres expériences ». De même la lecture de ce livre est une expérience, celle d’une intrusion dans l’intimité de la chose littéraire.

Frédéric Poupon

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Notes de lectures

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article